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Pan, pan, boum ! boum !

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La période de vaches maigres se poursuit ; encore un livre (un polar, évidemment) dont je ne me souviens absolument plus. Ce fut au point que l'ayant refeuilleté, je l'ai remis à sa place dans le rayon de la bibliothèque municipale, sans reconnaître ni personnage, ni bribe de dialogue, ni oripeaux d'intrigue. Puis j'ai relu, tout de même : à partir de la page 214 de L'amateur, de Robert Littell, puisqu'il s'agit de cet ouvrage et de cet auteur. Il m'est alors vaguement revenu qu'il y avait un personnage de femme qui faisait toujours des erreurs dans les idiotismes, soit les anglicismes je suppose : au lieu de dire « Je vais monter la garde », elle disait « Je vais grimper la garde », ce qui est tordant. Et c'est tout ! La Ciotat.JPG

Et puis si, finalement : il était question d'attribuer à Shakespeare les pièces de théâtre d'un noble qui se serait cru déshonoré de signer de son nom, ou d'un richissime bourgeois néerlandais : vous savez, ce genre de thèse que l'on peut soutenir à l'infini, tu me chatouilles. A noter aussi une remarquable poursuite entre tueurs dans les sous-sols d'un immeuble, où passent les tuyaux de chauffage central : très impressionnant, car j'ai tenté d'explorer cela dans mon lycée, mais la trouille au ventre parce qu'une fois renfermé à clef là-dedans, vous éprouveriez la terreur irraisonnée de votre vie. Ce que je peux dire d'autre, c'est que l'auteur est le père de celui qui écrivit Les Bienveillantes, remarquables d'érudition et de perfidie.

  1. Je pense même que c'est l'immense réussite littéraire et commerciale de ces mémoires d'un SS qui est parvenue à ressortir de l'ombre le nommé Robert Littell, plus jeune que moi dites donc. Un auteur de polars, très estimé par les connaisseurs, mais dont je n'avais évidemment pas entendu parler, car je suis néophyte, et compte bien le rester, car excepté jean-Patrick Manchette et sa Princesse du sang par exemple, ou Goodis et son pianiste, sur lequel je ne sais jamais s'il faut ou s'il ne faut pas tirer, je n'ai pas découvert grand-chose. Lire vous renvoie à vous-même, et l'on ne lit pas « pour se distraire », comme le croient les élèves de 4è et les éditeurs de seconde zone, pléonasme.

    Donc, le peu de romans policiers que j'ai lus me renvoie à cette question existentielle : pourquoi est-ce que je les oublie ainsi ? « Assez parlé de toi ! » dirait le fliqueur. Mais je ne peux tout de même pas dire « on » ! « nous » ! « vous » ! à moins que ça ne vous fasse le même effet ? Il existerait donc de la littérature de gare, de la littérature Kleenex? Sans complexe ?

    Que voulez-vous, tous ces gens qui s'agitent, qui flinguent dans tous les coins, tous ces

policiers nécessairement rêveurs ou incompris (mais n'est pas Colombo qui veut), toutes ces intrigues entortillés comme des platées de lasagne, ces femmes plus viriles que les hommes, ces athlètes qui se relèvent toujours après six balles dans le bras (le gauche) (même le grand Manchette n'échappe pas à la règle), ne me concernent pas. Ces incessants détails sur la couleur des bagnoles ou des tapis, ces gens qui vont, qui viennent, que l'on ne tarde guère à confondre surtout quand par-dessus le marché ils jouent double jeu (et s'ils ne se déguisent pas, on a de la veine), toutes ces grandes gueules, pleins de décisions et de gestes, ne me parlent pas.

A moi. Moi tout seul. Tout seul d'ailleurs, ça m'étonnerait. Pas forcément à vous, peut-être que vous avez la logique chevillée au corps, que vous gagnez toujours aux échecs ou au Cluedo, que vous êtes très forts en bricolage et que vous savez gérer votre budget à l'euro près sur votre bureau tout propre dans un appartement nickel, bon, tant mieux, il faut de tout pour faire un monde, et il faut moi pour y foutre le bordel, pas tout seul disais-je, mais tous ces pantins, tous ces guignols, toutes ces têtes brûlées qui se baladent avec des flingues sur eux, je ne les vois pas comme des humains, désolé, ils sont sur une autre planète que moi, ou que vous.


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