Péguy respectait les non-croyants, qui avaient le courage de le dire, tout uniment. Péguy respectait Anatole France. Il acceptait tout adversaire respectueux. Avant tout, qui se respectait lui-même ; qui ne jouait pas sur les deux tableaux. “Ce qu'il y a d'embêtant, c'est qu'il faut se méfier des curés. Ils n'ont pas la foi. (Lettre à Lotte, professeur). “Tout le dépérissement du tronc, le desséchement de la cité spirituelle, fondée temporellement, fondée, promise éternellement, ne vient point des laïques, elle vient des clercs.” (Dialogue de l'Histoire et de lâme charnelle). Sa femme n'était pas croyante. Il ne s'est pas marié à l'église. Il n'a jamais fait baptiser ses enfants.
..."Notre Père qui êtes aux cieux" restez-y - que non pas - en ces temps où l'on vouvoyait Dieu, où le Christ sur la Croix ne portait ni baskets ni casquette pour faire “tendance” - "que votre nom soit sanctifié" - comment sanctifier le Nom de Dieu - "que votre règne arrive" - "descends, descends sur terre à l'instant je t'en conjure, je te l'ordonne, Règne de Dieu", sanglotait Hello (Ernest, 1826-1885) - "Salve Regina, Etoile de la Mer, Turris Eburnéa (tour d'ivoire), Vase insigne de dévotion, Rose mystique (...) - priez pour nous ; Maison d'or, Arche d'alliance, Porte du Ciel, Etoile du matin, Salut des infirmes, Refuge des pécheurs, Consolatrice des affligés, Secours des Chrétiens, Reine des Anges, Reine des Patriarches, Reine des Prophètes, Reine des Apôtres, Reine des Martyrs - "Seigneur, écrivais-je à dix ans, accordez-moi les roses du martyre - et je lisais encore, apprenant par cœur dans le Paroissien romain vu et approuvé par Mgr Alfred Evêque de Limoges - "Seigneur, ne me reprenez pas dans votre indignation, et ne me châtiez pas dans votre colère.
"Ayez pitié de moi, Seigneur, car je suis sans force ; guérissez-moi, Seigneur, car mes os sont ébranlés... Mes plaies se sont putréfiées et corrompues par l'effet de ma folie" - voilà, très exactement, ce qu'on osait donner à lire, à réciter, sans honte ni recul, aux petites filles, aux petits garçons - voilà en quoi consiste précisément, Messieurs les Curés, le viol des consciences - “En vérité, dit Kierkegaard, c'est vouloir rendre fou un enfant que de lui présenter ainsi comme un dogme, à l'âge tendre qu'il a, cette terrible profondeur des mystères chrétiens, c'est en vérité vouloir le rendre FOU".