L'histoire du roi saint Louis commence par une profession de foi (ce qui n'a rien d'étonnant) romancée : le jeune roi de seize ans prie dans la cathédrale de Senlis et se fait révéler par un moine – toujours mystérieux – l'origine de sa race : saint Frambault, descendant du Christ. Puis on passe aux choses sérieuses, vérifiables par les historiens. Markale fait preuve d'originalité. Il pourfend les légendes pieuses abondamment citées dans les ex-manuels scolaires. Tout ce qu'on a raconté sur la grande dévotion de saint Louis se retrouve dans les vies de saints, la “Légende dorée” de Jacques de Voragine.
On peut lire les mêmes anecdotes, inlassablement ressassées d'un saint à l'autre, les lavages de pieds de miséreux et autres fariboles, il ne nous cache pas non plus les faiblesses du règne. En fait, saint Louis était un prince conciliant. Il cédait d'abord, il concédait même des territoires à l'Angleterre, afin que les autres, touchés par cet exemple, cédassent eux aussi du terrain et fissent des concessions. La Guyenne fut rétrocédée aux Anglais, pourvu qu'ils donnassent l'hommage au Roi de France. Aisni ces territoires se retrouvaient-ils, au moins sur le papier, dans le domaine royal.
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Les Anglais firent grise mine. Les Français aussi. Autre faiblesse, les Croisades, dont la première se solda par un échec, et la seconde et dernière de toutes par la mort du roi à Tunis. Figurez-vous que Charles d'Anjou avait réussi à faire croire au Roi que le Sultan de Tunis voulait se convertir à la foi chrétienne ! Saint Louis en mourut de la peste ou de la typhoïde. Quant à la liquidation des Cathares, elle ne fut considérée par saint Louis que comme une opération de police nécessaire à la pacification du royaume et non comme l'écrasement d'une civilisation raffinée. Suivons donc l'ordre chronologique.
Il n'était pas encore établi à l'époque que le fils du précédent roi dût lui succéder. L'oncle du roi, ou le fils naturel de Philippe Auguste, Hurepel, pesaient d'un bien plus grand poids que lui dans la balance des prétendants. C'est pourquoi la mère de saint Louis, Blanche de Castille, dut précipiter le couronnement afin de placer les barons devant le fait accompli après la brusque
