Messieurs les Contestataires ! mais qui redevenez si vite des Hârtistes, sitôt qu'il s'agit de passer à la caisse ! et de la considération s'il vous plaît ! il faut voir avec quelle morgue ils considèrent ceux qui ne les admirent pas ! Va chier, pauvre bourgeois ! Fais-toi enculer, mais n'oublie pas ton portefeuille ! Si tout le monde restait chez soi - au lieu de hanter ces vastes expos où s'étale la sottise prétentieuse, eh bien ! nos pseudo-philosophes remballeraient leurs foutaises. Les lois du marché ont fait des Beaux-Arts un salon du bricolage cradingue, où il est impossible, où il serait déshonorant de voir un cours de technique, voire de modèle vivant ! Plus de sculpture, plus de moulage ! allez apprendre ces vieilleries chez les petits vieux, payez-vous des cours privés ! de toute façon, payez...
Votre inscription aux Beaux-Arts, par exemple ; et sachez qu'aux Beaux-Arts, on apprend d'abord et avant tout que l'art, c'est bourgeois, c'est fini, avant de l'avoir appris ; à tout saloper, avant de savoir tenir un crayon, que dis-je - avec interdiction de savoir tenir un crayon. Vous n'êtes pas là pour transmettre votre savoir, vous êtes là pour permettre aux gens de s'exprimer" - voilà ce qu'on a dit - texto - à un prof des Beaux-Arts (paix à son âme). Quant aux enseignants qui mènent des troupeaux de gosses baver devant les âneries du CAPC, pour leur montrer "ce que c'est que l'art aujourd'hui", ou "à quelles impasses conduit en art l'invasion de la rhétorique et de la mauvaise philosophie", je répondrai qu'il serait aussi dangereux d'amener une classe devant un défilé nazi pour lui montrer à quelles aberrations mènent certains courants de pensée pour le cas bel et bien dégénérée...
Dangereux, car certains peuvent s'imaginer - dans l'état d'inculture où est désormais parvenue la majorité de la jeunesse française - qu'il n' y a que cela comme modèle. Montrez-leur des Rembrandt, des Van Gogh, des Egon Schiele, puis les merdes du CAPC, si vous voulez, mais en spécifiant bien que ce sont des merdes, qui se sont toutes poussées du coude et entrencensées pour usurper les cimaises... Quand les peintres du XVIe siècle peignaient, ils ne le faisaient pas pour être "des peintres du XVIe siècle ».! c'était le dernier de leurs soucis ! or aujourd'hui, on peint pour être "du XXe siècle" ! On se décrète « moderne » ! Mais attention, il faut être contestataire de façon conforme, coco !
Qu'est-ce que c'est que ces notions débiles de "peinture", d'"art" d'époque ? il faudrait peut-être raser nos cathédrales parce qu'elles ne sont plus à la mode ? Bande de Thieu-Sampan ! L'art n'a pas à se soucier de modernisme ou de "progrès", il doit viser l'éternel, avec honnêteté - encore des notions dont il faut se méfier, sans doute? ben voyons ! ...L'art ne conquiert pas chronologiquement, il conquiert spatialement. Dali, Schiele, Modigliani, ne sont pas "modernes" : ils ont rejoint l'éternel par une autre route. Et si l'art, si l'éternel n'existent pas, au moins, n'en faites pas commerce, bande de pourris. Qui voulez passer pour des révolutionnaires ! en réalité, tant que vous faites vos saloperies vite torchées, sans âme et sans conscience, même pas professionnelle, au mépris de toute technique, de toute connaissance, pour flatter le peuple, pour lui prouver que tout un chacun peut devenir artiste, ce qui est faux, et vous le savez très bien - tenez : vous exposez des productions d'enfants, qui ne se débrouillent pas si mal, les pauvres endoctrinés - soixante années pour démontrer qu'un adulte peut très bien réussir à être aussi rudimentaire qu'un enfant - crime de lèse-jeunesse ! - mais vous ne le payez pas, le gosse ; vous lui faites sans doute croire qu'il a encore des "progrès" à faire ! - eh bien pendant ce temps-là, vous ne dérangez surtout pas l'ordre établi, et les Présidents de la République peuvent vous rendre visite.
L'Etat et. les marchands se sont tellement trompés - ils ont laissé crever Van Gogh, ils ont laissé crever Modigliani - que maintenant, n'importe quel déchet trouve preneur. Pendant que vous faites vos conneries, allez, vous ne dérangez personne - "sauf vous Monsieur" - ah, ces gens-là ne sont jamais à court d'arguments, ce sont les rois du blabla, des philosophes pervers de première bourre - à la niche, les chiens du baratin ! Dans un cirque, ce n'est pas en se mettant le doigt dans le cul et en expliquant que c'est un numéro de haute voltige qu'on va se faire ovationner ! On ne triche pas, au cirque, bande de clowns ! Vous nous débitez les mêmes conneries depuis cinquante ans – reprenons vos arguments idiots - et vous faites peser sur nous la chape de plomb du plus épais, du plus pompier des conformismes.
Nous avons vu tomber le mur de Berlin et les régimes museleurs de l'Est : quand tombera enfin le mur de la connerie prétendument artistique ? quand j'aurai quatre-vingt dix ans ? Comme pour ces pépés et mémés de Moscou qui n'ont connu que le régime de l'exclusion et de l'embrigadement ? Or, courage. Les signes avant-coureurs se multiplient. Il n'y a pas de livre d'or au CAPC - car je n'aurais pas été le seul à leur coller une reproduction de n'importe quelle œuvre de ce passé qui n'est plus à la mode, et j'aurais écrit : "Allez vous rhabiller, allez vite vous cacher, bande d'ignares, fumistes fachos" - fermez vos gueules, v'là l'Etat qui passe avec ses subventions. Et v'là l'bourgeois prêt à acheter ma poubelle sous cellophane, je vais pouvoir changer ma BMW.