Phénix n'est plus qu'une compagnie d'assurances. “C'est là que le palais de l'Aurore offre aux regards, sur des revêtements d'or rouge, le relief de perles lisses incrustées”. Qu'en pensait Ricimer, qui assistait à la cérémonie, à la déclamation du panégyrique ? Puisqu'il donna selon Anglade le signal des applaudissements, “un sourire coincé dans la balafre de sa joue gauche” ? Profusion sans hiérarchie. Un art vole au secours de l'autre, poésie, plastique, tous deux abâtardis, l'aveugle et le paralytique. Il faut que cela soit touffu. ( Composer une “Vita Sollii Apollinarii” en latin d'époque me semblerait le seul projet conséquent.)
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Sujet : “Les derniers peintres”.
Ils exposent des merdes et sous-merdes dans de petites académies de sous-province. Nulle technique n'étant plus enseignée, les praticiens deviennent de plus en plus maladroits. “N'oubliez pas, Monsieur Réhu, que vous n'êtes pas ici pour transmettre un savoir, mais pour laisser les étudiants s'exprimer.” Il se le tint pour dit, pleura et ferma sa gueule. Puis mourut. Nous voici donc derniers représentants de la civilisation dite cultivée. Après nous crèvent musique et peinture. Mozart sera de Lassus. Sauf pour les spécialistes. Oui, je suis passéiste. Ce qui est célèbre aujourd'hui ne se mesure qu'à l'aune du plus nombreux. A ce compte, Georges Ohnet (“La Marchande de pain”) aurait droit à plus de pages que Zola ou Mallarmé. Le rock, à plus de pages que Boulez(tant mieux). Voici chez Anglade l'histoire édifiante de Séronatus.
Je lis comment Ecdicius choisit un jour Apollinaire, son beau-frère, pour devenir évêque. Je lis le plausible dialogue entre le saint homme à l'article de la mort et Sidoine, choisi pour trôner sur le siège épiscopal, et dûment averti des dangers, des limites de sa fonction. Je ne comprends toujours pas cette conversion de Sidoine, quelles que soient les justifications que l'on ait pu me fournir (“seule façon de maintenir dans une société en recomposition un réseau relationnel et culturel”). Lui en effet, père de quatre enfants, féru d'honneurs et de beaux vers, superficiel jusqu'à l'extrême, comment a-t-il pu se charger du poids de toute une communauté chrétienne ? c'est aussi mystérieux que la retraite de Rimbaud, et qui dira celui des deux qui l'emporte...
Mais je mélange des choses que l'on ne peut pas comparer. Je ne suis jamais parvenu pour ma part à estimer l'Eglise, quoi que je veuille encore aujourd'hui recevoir les derniers sacrements. Je devrais bien plutôt à mes derniers instants m'entretenir avec un noble et vieux rabbin de la cabbale... ou crever rapidement, car je ne trouverai pas plus de solution aux portes de la mort, imminente qui plus est, que je ne l'ai fait au cours de ma vie... Comme l'écrivait Mayröcker à 80 ans : je ne suis pas très sûre d'avoir une maturité suffisante pour mourir – ni pour vivre, d'ailleurs...