(...) se réincarner en homme ou en animal pour reparcourir ici-bas un chemin de douleur. En effet, autre point sur lequel els Cathares se distinguaient des Chrétiens, ils se figuraient qu'on se réincarnait, qu'on vivait plulsieurs fois - tant qu'on n'avait pas atteitn sa perfection. Voilà qui est évidemment bien plus proche de la sagesse hindoue que du dogme chrétien.
Revisitions ensemble cette épopée : tout part de Montségur, et des mobiles politiques de cette expédition guerrière. C'est ainsi qu'on s'aperçoit que saint Louis, qui avait absolument besoin de l'appui de l'Eglise avant de partir en croisade, a dû venger les légats du Pape assassiné par les Cathares à Avignonnet ; pour cela donc, prendre Montségur. A l'époque, on brûlait les hérétiques : si 205 furent brulés après la prise de la forteresse, n'accusons pas saint Louis de cruauté.
Pour lui, il ne s'agit que d'une opération de simple police ecclésiastique. Les martyrs moururent dans la joie, certains de leur vie future éternelle. Ne jugeons pas du XIIIe siècle avec nos mentalités du XXè, pétries de Droits de l'Homme mal appliqués. Suivons ces méandres politiques.
Markale, au cours de sa très claire pérégrination, se penche plus tard sur le Razès. Cettte région de l'Aude, à présent déshéritée, contient Rennes-le-Château et Rennes-les-Bains, dévastée par l'inondation dernièrement. Pourquoi au cours des siècles les Rois de France se sont-ils acharnés à vouloir s'en assurer la possession ?
Pour récupérer des documents compromettants visant à rien moins que présenter la famille régnante comme usurpatrice ?
Très vraisemblablement. C'est même historiquement l'hypothèse la plus vraisemblable. Mais force est pour Markale de reconnaître qu'il ne s'agit que d'une hypothèse. En tout cas, il nous relate très scrupuleusement, de manière très universitairement documentée, l'histoire de cette région du Razès.
Non moins scrupuleux et historiquement documenté l'exposé sur le mazdéisme page 141. Ahura-Mazda est pour les anciens Perses le Dieu de la lumière ; à présent ce n'est plus que la marque d'une ampoule électrique. La décadence ! Quoi qu'il en soit, le mazdéisme a lui aussi influencé la formation de la doctrine cathare.
La doctrine cathare n'est d'ailleurs pas monolithique. Il s'y dégage deux courants : le premier est dit "dualiste absolu", entendez par là que le mal est irréductible et perdurerra éternellement. Il n'y a pas de réconciliation envisageable entre le Dieu du Bien et le Dieu du Mal, Satan. Les dualistes modérés croient que cette réconciliation est possible, parce que tout bien est un mal d'une certaine façon, que tout mal est un bien de même ("A quelque chose malheur est bon"), et que les deux principes coexistent en un Dieu unique, une entité unique, dont il n'appartient pas à l'homme de percer le mystère.
Plongeons-nous dans cet exposé :
Pour finir, Markale règle la question du culte solaire des Cathares. En effet, même si le château de Montségur a été considérablement remodelé après sa prise en 1244, il n'en subsiste pas moins dans son plan, dans ses dispositions, des phénomènes troublants : le soleil ne pénètre-t-il pas, certains jours de l'année, dans une archère, pour ressortir par une autre archère symétrique sur la muraille opposée ? sans compter beaucoup d'autres coïncidences qui ne sont pas des coïncidences.
Markale réfute l'identification de la forteresse de Montségur avec un Temple solaire, pour l'excellent raison que les Cathares, refusant le monde matériel, ne pouvait concevoir qu'on adorât Dieu dans un temple matériel, de bois et de pierre. Il se serait bien plus vraisemblablement agi, dans le cas de Montségur, d'une salle de méditation où les Parfaits pouvaient communier avec le principe de lumière.