Quantcast
Channel: der grüne Affe
Viewing all articles
Browse latest Browse all 1402

Traduction-Übersetzung

$
0
0

 

Le fantôme vert.JPG

Entendez-moi, improbables Brocanteurs, générations du XXIIe siècle si souvent invoquées : j'ignore de quoi je parle. Mon efficacité n'est que de témoignage. Je témoigne sur un témoin, celui-ci indirect, du cœur et non des yeux, ce qui ne foudroie pas, mais ne ronge pas moins : ..."s'éteignent là-dedans" – was auch dich aus der Sprache fortnahm – "ce qui t'a, toi aussi, arraché à ta langue" – que dites-vous d'un homme qui sur ses pannes sexuelles se lamenterait, tandis que l'autre évoque l'extinction des yeux dans la nuit de Shoah ? mit einer Geste, "d'un geste, tu fus exclus de ta propre langue" – die du geschehen ließt, "que tu as laissé s'accomplir" wie der Tanz zweier Worte, "comme la danse de deux mots", aus lauter Herbst und Seite und Nichts, "venus d'automne à haute voix" (ou : "avec véhémence"), de soie, et de rien". Vous autres, générations de l'efficace, et de la catastropholâtrie, ne voyez là nul intérêt : l'eau envahit vos ports de mer, vous ne pensez plus à nous, qui furent nos ancêtres en 1819 ? "Sois aveugle dès aujourd'hui" – soit. Erblinde,impératif, Monsieur le Grimaud. Atemwende – Renverse-vapeur – haleine de J.P.Lefebvre, par lui recréé, mais puisé à même la langue allemande et lentement mâché, Silbe nach Silbe, pour imprégner ma langue et ma bouche, aussitôt oublié mais prégnant comme le goût desséchant du bois à l'intérieur des joues lorsqu'on mange des prunelles, plus douce en même temps, et si respectueux, Celan, de la mesure et du mot surprenant, du mot attendu entre les consonnes, chuintantes et soudain déchirantes et contondantes ensemble.

C'est la première fois depuis mes quinze ans que j'apprends par cœur, nämlich avec le cœur, depuis Baudelaire. Et j'aimerais posséder Baudelaire auf deutsch, pour qu'on me dise l'expérience, l'échec et les transpositions, vers à vers parfois les fulgurances et correspondances. Der Hafen – le Port – le Bateau ivre de Celan, dont j'ai certaines clés grâce à l'ouvrage de Nouss corrigé par moi, si minutieusement mâché. Je repasse les mots sur ma langue, auf meiner Zunge, à la recherche de leur résonance en allemand, chez lui qui fut Deutsch und Jude, bis auf Selbstmord unter der Mirabeaubrücke. Mourir les poumons remplis d'eau ou de gaz, mourir après l'Holocauste, de l'Holocauste encore – das alle hinunter, tout ça vers le fond, tu coules, tu survis, sous l'eau du fleuve, hinauf und – warum nicht ?Wundgeheilt - mot merveilleux valise où j'entends – suis-je seul ? - « guéri de ma blessure » ou « blessé-guéri » auf einmal, et l'incertitude à la fois, wo-, wenn- interrompus comme éléments inexacts, particules à jamais séparés d'un mot qui serait composé, herbei und vorbei und herbei. Celan heurtant dans le noir le surplomb abrupt de sa cuve et nageant sans prise, lente noyade, la volonté battant au bout des mains, au bout des pieds.

Je me reporte vers la page de droite, et ce n'est pas si dépourvu d'espoir : « tout ça / vers le fond, vers le haut et – pourquoi pas ? Blessé-guéri, où-, si- / vers nous et devant nous et vers nous »


Viewing all articles
Browse latest Browse all 1402

Trending Articles