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La salle des profs, revue et corrigée

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Et que ça tchatche, et que ça suppute...Quant à me pencher doctement sur les traités de pédagogie et autres circulaires, très peu pour moi. “Dans la peau d'un prof ? Beurp... Quand je les voyais, les autres, hommes et femmes, pénétrés de leur importance, religieux, modestes, fringués comme des patates, et bien qu'ils fussent (au subjonctif !) (et j'y reviendrai) les seuls interlocuteurs valables, non, vraiment, je ne pouvais, je ne voulais pas leur ressembler. Leurs points de mutation, leur gravité, leur conviction de peser à eux seuls d'un poids ô combien décisif sur tant de jeunes avenirs – c'est faux, mais ils continuent d'avoir la tronche de ceux qui s'y croivent - “non, merci”. C'est dur, de savoir une chose, et d'en croire une autre... (l'histoire d'une vie). Moi j'ai fait des cours “autrement”. Sans méthode. Ni Journal Officiel. Au rire, au flair, à l'anxiété, au coup de gueule - au jugé. Ma seule superhâte en sortant de ma salle c'était d'oublier ce brouhaha, ce tohu-bohu, ce bordel parfois, ce danger - ce don de toute la personne, ce gaspillage du plus précieux, le moi, l'instant, et je n'avais nulle envie de le remâcher, de le recuire, de le racornir. De rétaler ces alternances de génie, d'incompétence pure et de banalités qui ne concernait que moi. Je n'étais pas le seul : par grandes crises, à grands seaux d'eau, on faisait taire ces incorrigibles repasseuses de cuistrerie - ça se redispersait – puis ça renaissait, obstinément, à petit bruit, têtes basses et marmottages professionnels - confessionnels - des triturées du clite et des branleurs de gland.

...Mais oui j'apprécie les disputations socio-politico et autres, et surtout les lamentations sur mon triste sort, ce qui éloigne tout le monde – vous savez, les « normaux ». Ou bien je sors les histoires de cul de loin les plus dégueulasses de toutes les histoires de cul (et de mollards), ce qui regroupe, ce qui fédère (ils aiment bien ce verbe) un max, puis redisperse cette fois-ci une bonne foi pour toutes. Je me souviens toujours de ce triste sire : « C., je t'inviterai chez moi le jour où j'aurai les chiottes au milieu du salon » - je n'ai pas songé, sur-le-champ, à lui sortir en pleine tronche la réplique qui tue : « Eh bé, t'auras qu'à y faire ton entrée ». Il aurait croulé de honte sous les gorges chaudes - ça m'est venu comme ça, d'un coup, dans une explosion de féroce évidence.

Plein soleil.JPG

 

Dix ans après. Bref : ceux qui avaient la foi, qui communiquaient, qui se soutenaient les uns les autres et réciproquement, c'étaient eux, les conlègues (Règle Absolue du Groupe : quiconque tient le bourdon, geingeint, grognassent ou bâillent, hop ! on le secoue ! Des fois qu'il contaminerait le magma ! Le guignol, le mécréant, l'égocentriste, on le plantait là, je brisais là tout seul, agaçant, lassant, irritant - « on n'est pas obligés » m'avait gueulé dessus telle collègue bien chiante et détestée (pas le seul, je vous dis) « de supporter ton avalanche perpétuelle de conneries ». Et je lui aurais dit, moi, (Le Misanthrope), à cette collègue teigneuse, puante et laide de la gueule aux dessous de bras, que ma foi si, tout le monde était bien obligé de me supporter, comme je supportais bien moi-même les autres et leurs sinistres couillonnades : « On appelle ça la « vie en société », j'aurais braillé, « ceux qui me percutent mal, ils n'ont qu'à m'éviter » - c'était bien ce que je faisais d'ailleurs – dix ans après ; et comme j'étais lancé, j'aurais tonitrué : « En tout cas » (je me suis souvent rejoué la scène) (tout d'un souffle) « je ne me suis jamais institué porte-parole de quelque Tribunal du Peuple que ce soir » - et toc...


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