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Commynes l'increvable

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Circonstances particulières : panne de connection à internet, d’où mon orphelinat. Tant nos civilisations sont devenues fragiles ! Qu’il reste seulement du papier. Je suis au XIVe siècle, qui ne fut pas si sot, mais au contraire fortement archiviste et procédurier. Il y avait en ce temps-là force rites et superstitions d’enfants, logeant en âmes adultes. Il y avait dans le langage bon nombre d’ambiguïtés, qui empêchent que l’on comprenne si l’on n’y est pas impeccablement versé. J’en suis à ce fameux épisode, fameux du temps où les enfants savaient, de l’emprisonnement du roi à Péronne, par le duc Charles le Téméraire.
    Heureusement je connais le mot de l’histoire : le roi manqua se faire tuer, puis dut marcher contre ceux de Liège, qu’il avait excités dans le dos de Charles. Commynes à la face de vulve, ridée, nez en l’air, était de ces otages en ce petit lieu resserré. Il raconte, et j’en suis à la fin d’une phrase : que l’on ne peut guère comprendre, vu l’embrouillamini des constructions de ce temps-là : et va conter ses nouvelles de Liège, et comme le roi l’avait fait conduire par ses ambassadeurs, et comme tous ses gens avoient été tués ». Arrêtons-nous comme en langue étrangère : que représente « le » ? celui qui parle ? est-il prisonnier, après le massacre de ses gens (ses gens à lui, je suppose ?) (parlez-moi de la clarté du français…).
    Le roi l’a-t-il fait « conduire » à Péronne ?  Peu vraisemblable. La suite nous éclairera peut-être :   et estoit terriblement esmu contre le roy, et le menaçait fort.  Cet homme exaspéré s’exprime donc devant Charles de Bourgogne. Il est donc pour le moins curieux que « le roy » l’ait « fait conduire », à moins qu’il ne se soit présenté devant Charles plutôt que devant le roi. Bref, je nage, et peut-être en peu de choses. Et croy véritablement que, si à cette heure-là il eust trouvé ceux à qui il s’adressoit prests a le conforter ou conseiller de faire au roy une très mauvaise compagnie, il eust été ainsi fait ;un éclair illumine ma conscience : le roy l’avoit fait conduire signifie « l’avait manigancé », en parlant de l’ « affaire de Liège », menée, goupillée par ses ambassadeurs… 
    Et c’est Charles lui-même qui menace le roi, en pleine exaspération. C’était un épisode fort prisé de mon père, qui admirait la ruse de Louis XI, au point d’en avoir fait son roi préféré, ce pour quoi son père l’avait giflé : on en était encore au Louis XI dépeint par Victor Hugo. Le château-fort se montre encore  Je crois que toutes les pièces en sont petites. Jean sans Peur fut assassiné par ordre de Charles VII, pourquoi le fils de ce dernier ne risquerait-il pas à son tour la vie… et, pour le moins, eust été mis en cette grosse tour. Une épaisse tour de briques rouges, si j’en crois une carte postale. Et peut-être mes pérégrinations m’ont-elles mené à Péronne même, en souvenir de mon père .

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    Mais je ne me le rappelle plus. Avec moy n’y avoit à ces paroles que deux valets de chambre, l’un appelé Charles de Visen, natif de Dijon homme honneste et qui avoitr grand crédit avec son maistre.
    Rien de plus malaisé que d'écrire dans un train, pis encore au sujet des Mémoires de Commynes, au vis plat comme un plat à barbe, et dont le style va par cahots tout autant que ce convoi ferré de haute mer. Je n'y comprends rien, par le grand nombre de ils et eux, qui est chose commune en ces temps de grand déliement d'esprit. Quoiqu'à vrai dire il soit bien curieuxde voir une littérature en ses commencements. Je possède un jeu de cartes sur les Ducs de Bourgogne, acheté au monastère de Brou près Bourg, où je fis une visite exaspérante (par l'incompétence d'un guide pommadé à outrance). Et figurant sur ces cartes, dont  j'eusse pu prendre double exemplaire, les dessusdits Ducs de Bourgogne, avec leur parentèle.
     J'y appris donc que le premier de cette lignée, Philippe le Hardi (ne pas confondre avec le fils aîné de saint Louis, mort de diarrhée à Perpignan), fut frère de Charles-le-Quint, entendes bien sûr celui de France. Et m'intéresse fortement ladite lignée, qui si fastueusement régna cent années sur le beau disparate duché de Bourgogne. Philippe le Hardi épousa la fille de Flandres, "d'Artois, de Bourgongne, Nevers, et Rethel". Ce qui me semble bien étrange, car si elle eût été de Bourgogne, si l'eût-on mentionné devant Flandres, comme cousine éloignée. Mais sans doute le fut-elle d'après son mariage, seulement, rien ne nous est dit plus outre. Le second fut Jean. S'agit-il de celui qui fut assassiné à Montereau-faut-Yonne ?
1.     Ce que j'avais lu déjà dans le Charles VII de Minois – Jean sans Peur, c'est cela. Le tiers fut le bon duc Philippe ("Philippe le Bon", entendez "à la guerre"), qui joignit à sa maison les duchés de Brabant, Luxembourg, Limbourg, Hollande, Zélande, Hénaut et Namur. L'histoire ne fut guère en effet que gens arrondissant leurs territoires, comme un aggloméré de pitchpin. Et voici que je le lamente d'avoir prévu 40 mn à déblatérer sur ce morne sujet, puisque je m'avise de ce que mes écrits, habituellement, ne concernaient que mes déplacements !  Vanité... et omnia vanitas. Nous passons la gare de Narbonne. Un couple vient de troncher dans les chiottes.
 Le mâle a doublement couvert sa femelle, couvrant de loin de son regard quiconque pourrait avoir deviné. De la fille je n'ai aperçu que la nuque, puis la face : ouverte, joyeuse, me scrutant la gueule comme si je ne savais pas qu'elle venait juste de recevoir son gros jet en pleine chougne. Quelle veine de tirer en wagon... Train comble. Des nouveaux sont montés à Toulouse, après deux heures d'attente. Il y a eu bagarre (verbale) pour les places, alpagage du contrôleur. Mais j'ai la flemme. Le pittoresque de la vie aujourd'hui m'échappe.

 


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