Et le livre de Bettelheim, où m'a renvoyé cette édition pour enfants de La Belle au Bois Dormant de chez Fernand Nathan, s'achève ainsi : « Le choix des histoires que j'ai prises en considération a été arbitraire, quoique je me sois laissé guider dans une certaine mesure par leur popularité. Chaque histoire reflète un aspect de l'évolution interne de l'homme ; la seconde partie du livre s'ouvre par des contes où l'enfant lutte pour son indépendance : il le fait à regret, seulement uand ses parents l'obligent à agir contre sa volonté, comme dans Jeannot et Margot » (« Hänschen und Gretchen », je suppose), « ou plus spontanément, comme dans Jack et la perche à haricots. Le Petit Chaperon Rouge dans le ventre du loup, et la Belle au Bois Dormant qui, dans son château, se pique au fuseau, se sont prématurément exposées à des expériences pour lesquelles elles n'étaient pas prêtes ; elles apprennent qu'elles doivent attendre d'avoir mûri et comment elles doivent s'y prendre. Dans Blanche-Neige et Cendrillon, l'enfant ne peut devenir lui-même que lorsque la mère est vaincue. Si le livre s'était achevé sur l'une de ces deux histoires, il aurait pu sembler qu'il n'existât pas de solution heureuse au conflit des générations qui – ces contes nous le montrent – sont vieux comme le monde. Mais ils disent aussi que là où ce conflit existe, ce sont les parents qui en sont responsables, en raison de leur repliement sur eux-mêmes et de leur manque de sensibilité à l'égard des besoins légitimes de l'enfant. En tant que père, j'ai préféré terminer avec un conte de fées qui nous dit que l'amour des parents est, lui aussi, vieux comme le monde, de même que l'amour de l'enfant pour ses parents. C'est cette tendre affection qui permet l'épanouissement d'un amour différent qui liera l'enfant mûri à l'être qu'il aime. Quelle que soit la réalité, l'enfant qui écoute des contes de fées en vient à croire que, par amour pour lui, son père est prêt à risquer sa vie pour lui rapporter le cadeau qu'il dédire par-dessus tout” - et réciproquement pour le fils bien entendu.
Eh bien vous aurez davantage entendu Bettelheim que moi-même, sans que vous ayez lieu d'ailleurs de vous en plaindre. Lisez donc ou relisez, dans un ordre ou dans l'autre, La Belle au Bois Dormant dans l'édition Fernand Nathan pourquoi pas, collection “belles histoires, belles images”, et la Psychanalyse des contes de fées par Bruno Bettelheim.