Montaigne à 25 ans, La Boétie à 27, qualifiés d' "hommes faits", là où nous ne voyons plus qu'étudiants et ados prolongés ! Serais-je l'ado des temps à venir, à mes 62 ans d'octobre ? De quels pleurs de pitié ne serons-nous pas bercés, noyés ? "Les pauvres ! Sans prothèses ni clonages, si tôt livrés aux mâchoires de la mort, avant d'avoir vécu !" Cela tombe bien, je n'ai pas l'impression d'avoir vécu, tant j'en ai renié. Or qu'arriva-t-il donc aux survivants de cette pauvre Candale ?
"Avant que mourir, elle tenta tous les moyens qu'elle put" – et le sachant, de surcroît ! Voyant venir sa mort en face !
Je deviendrais fou. Je hurlerais par saccades, comme ce pauvre fusillé dans l'épouvante de "Lucie Aubrac" ! Je dois manger, citoyen des ténèbres futures. A tout à l'heure. Et quand on revient, ce que l'on s'en fout ! Cependant : "...pour se guérir" – et comment donc guérissait-on, on ces temps si préhistoriques ? Prières ? Neuvaines ? Emplâtres ? Et les femmes aussi avaient peur de la mort ? Elles qui participent tellement de l'immortalité ? Que l'on voit soudain renoncer à tout à des trente-deux, trente-trois ans ? Ayant su que la vie n'était qu'attentes déçues, comme la femme de "Monsieur, frère du Roi"?
Mme de Foix-Candale d'Epernon de Nogaret, "implorant le secours des hommes" – "Sauvez-moi je vous en supplie Docteur sauvez-moi", criait Apollinaire à 38 ans, âge aussi de Louis XVI sous le couperet, je suis éperdu, là, je tire à la ligne, "et de Dieu par ses prieres tres-dévotes", Dieu n'est, ne peut-être que la projection schizophrénique de soi dans le tréfonds de son propre puits, je prierai aussi : "Que ta volonté soit faite", rien que de banal, mais de tout à fait semblable à aujourd'hui même, ce dont nul ne peut se persuader... "...et de tous ses amis, serviteurs et servantes..." il était donc si difficile de mourir même au sein des communautés, je mourrai comme j'ai vacu, dans un faux couac et non comme j'aurais voulu, dans une courte honte de ridicule, par raccroc, pour faire plaisir, à moitié, dans l'économie et quel compromis boiteux...
"...Lui faschant fort qu'elle vînt à mourir" – quelle jeune actrice se sentant mourir s'exclamait "Shit... shit... shit..." alors donc on demeure conscient ? Je devrai user de ma ruse, de mes raisonnements plats, "encore un moment, puis un moment, puis le temps en sera passé" ? Et nul ne sera témoin de ma tombe sur mes lignes, sur ce que j'aurais écrit à ce moment-là ? Sans avoir une dernière femme à prendre par les épaules, trop laid et repoussant ma couverture du ventre ? Que fit-elle, Foix-Candale ? "en si jeune aage" ? Brantôme laisse courir le fil, je le suspends, quelle chute m'attends ? Quel trait d'héroïsme fit-elle, ordinairement ? Qu'y a-t-il de plus émouvant, de plius grand qu'un homme qui va mourir ? Qu'un prisonnier battu à mort et criant Prévenez ma femme et mes enfants ? Le compagnon de cellule regardait la scène, les yeux écarquillés, je ne peux donc rien faire ? Moi, maintenant ? Mais, après qu'on lui eut remontré – elle se résigna, en vérité ? Sur de simples raisonnements ? "Il faut bien passer le flambeau, Dieu l'ordonne" ? Qu'il fallait à non escient s'en aller à Dieu, qu'ils étaient admirables ces nôtres ancêtres, en tout point, bien qu'ils soient méprisés pour tous nos inventeurs de la Sécurité Sociale... Oui, morte en plein courage...
(13 07 55)
Attends, attends, ça continue ("Ecoute ! Ecoute !" de Robert Lamoureux) : ça ressaute à la comédie quelques pages plus loin, au rabelaisien même, une petite blonde priant le Pape de l'absoudre pour s'être "torché le devant et le derrière" d'un oreiller sur lequel Sa Sainteté s'était reposée ensuite durant son séjour.
C'était une humanité convulsive, où l'on se souciait de tuer comme d'un guigne, où François Ier jure de pendre (et il l'aurait fait) quiconque eût dit du mal d'une femme, où l'on exécute un pignouf coupable d'avoir dérobé quelques plats en or ; le malfrat plaide que les princes sont de plus grands voleurs encore, le curé le fait taire, et lui envoie le prêtre en bas de l'échelle d'une bourrade, lequel se casse bien cruellement la gueule... Commentaire de Brantôme : ah que c'était une mort bien rigolote, "bien plaisante". Tout ce qu'il trouve à dire. Vive le Révolution. Je veux noter ici que des droitiers se sont répandus en sarcasmes sur la Révolution française, prétendant que nous n'avions plus jamais retrouvé, depuis, la stabilité ; mais qu'était-ce donc que cette stabilité d'Ancien Régime, quand des jacqueries éclataient régulièrement, régulièrement décimées par branchages collectifs ?
Ce n'est pas dans les livres d'Histoire, cela. Il me faudrait consulter la toile, pour vérifier s'il ne se trouve pas un ouvrage sur les révoltes paysannes à travers les siècles, ne fût-ce qu'en France... Sa Sainteté y reposa dessus son digne chef et le visage, et bouche qui le baisa. On mourait jeune. On vivait vite. On se convulsait entre les périls de cette vie et les terreurs de l'autre. A 40 ans passez muscade, mettons 60. Maximum. Y avait-il des tempéraments hésitants et reclus comme moi? Je n'ai désormais plus rien à faire. Le moindre de mes propos m'eût depuis longtemps envoyé à l'échafaud, à la hart, aux Petites Maisons... J'eusse été l'idiot du village. Au mieux. Le troisième, qu'il excommuniât le sieur de Tays : et l'on vivait devant Dieu, pour Dieu et en Dieu, tel que les plus virulents islamistes ne sauraient l'imaginer.
Ne pas oublier que l'on vivait sous l'étouffement des curés, qui avaient droit de regard absolu et de farfouillage dans toutes les vies. Quelle horreur. Mon Dieu quelle horreur. Et l'on ne s'en rendait pas compte ? L'accoutumance tenait lieu d'anesthésie ? Nous sommes donc bien libres, à ce compte ? Essaye voir de faire une pièce de théâtre sur les islamistes ou les féministes ou les antiracistes, et il n'y aura pas d'insultes de basse espèce ou de menaces que tu ne reçoives, à l'instar de l'auteur du "Tartuffe"... Molière est banal, disais-tu, pauvre cloche ? La note 682 te dira qui était ce "sieur de Tays" : car ce pauvre Brantôme, qui ne voulait froisser aucun délicat, s'est vu déposséder de tous ses anonymats par les chercheurs.
Et seul l'historien désormais se soucie de ces Seigneurs et Dames : Jean de Taix, chevalier de l'ordre – quel ordre ? Alors gentilhomme de la Chambre – qu'il était dur d'accéder à ces hautes personnes, et comme tout paraissait immuable, sur ce plan du moins de l'organisation sociale ; mais on n'y pensait pas, de même que seuls les gueux contemporains s'imaginent un jour mettre à bas touttes nos contraintes, pratiquer l'échangisme et la pédophilie, abolir les financiers et leurs fortunes, qu'ils utilisent à présent (je commence à le savoir) afin de refaire la Galerie des Glaces ou autres dépenses somptuaires ; bien sûr, ils rencontrent de grosses sommes à blanchir, et des mafias diverses ; mais il paraît que c'est inévitable, dès lors qu'on se livre à l'affairisme international : les trafiquants d'armes, de drogue et de filles ont leur mot à dire...
Plus tard capitaine général de l'infanterie, puis grand maître de l'artillerie à la mort de Galiot de Genouilhac (21 janvier 1547). En 1547 mort de François Ier, 52 ans, de la maladie de la pierre. Pourquoi faudrait-il l'excommunier ? De ce qu'il ne veut pas baiser ? Parce qu'elle l'aymoyt,et lui ne l'aymayt point. Friponne et feu au cul. C'était comment, les femmes, en ce temps-là ? On s'envoyait une paysanne en faisant bâtonner le mari ? J'étouffe, en vérité j'étouffe. Commenter ce temps-là en pharmacien Homais me gonfle bien. Recopie, recopie, comme Sollers. Et qu'il est maudit, et est celui excommunié qui n'ayme point, s'il est aymé. ...Que les Grands pouvaient tout se permettre ? Qu'ils étaient les seuls à pouvoir vraiment vivre ? Avec toutes les fantaisies possible ? Nos faits-divers ne regorgent-ils pas aussi de toutes ces choses, pourtant vécues aux niveaux les plus démocratiques et populaciers ? "Ils l'ont fait", dit la rubrique. "Je n'ai rien à dire", disait F. au micro pas plus tard qu'hier soir. Le pape, estonné de ces demandes – un plan.
Je veux un plan, du raisonnement, l'indulgence pour ma sincérité, j'aurai donc espéré jusqu'au bout. Ça va passer. Ça va passer. Et s'estant enquis au roy qui elle estait, sceut ses causeries et en rit son saoul. Je veux un pape qui sache rire.