Un cas très particulier se présente : la revue que je devais lire, soit une pincée de feuilles agrafées, sur l'ex-Union Soviétique, s'est terminée sensiblement dans son temps de lecture, soit dix-huit minutes. Le revue suivante est le fameux catalogue « Arlit », celui de couleur blanche, pour lequel il me reste, nécessairement, zéro minute. J'en suis à éplucher l'index alphabétique dudit recueil, pointant chaque titre correspondant au numéro 47, et je recommence ainsi à compter, jusqu'à épuisement total de la liste. C'est une démarche interminable, car le titre d'une revue peut se trouver dans plusieurs catégories à la fois : celle des revues satiriques, celle des revues littéraires, celle des re'vues cinématographiques, etc.
Or, chacune de ces catégories possède sa propre liste alphabétique. Dans la série « Bio- et Bibilographie, l'index compte 287 titres. J'en suis à L'indispensable. Qu'il me soit permis de penser que cette revue est hautement dispensable au contraire, que ses fondateurs en ont été parfaitement conscients, et qu'il y a là une autodérision manifeste. Existe-t-elle encore ? Je ne saurais l'affirmer, tant ces revues paraissent et disparaissent avec facilité. « Arlit » se renouvelait chaque fois, soit tous les trois ou quatre ans, de plusieurs dizaines pour cent de titres... Ma revue y figure dans deux éditions successives, dont celle-ci, la blanche. Mais j'ai de plus en plus de difficultés financières à maintenir une périodicité décente.
Il est à supposer que nombre de ces titres ont soit cessé de paraître, soit résolu de se borner à une parution informatique. Toute l'édition a d'ailleurs été secouée par l'apparition de ces millions de « blogues », maints et maints écrivaillons préférant le pugilat direct, en ligne, aux atermoiements refroidissants d'une parution sur papier, agrémentée de tout ce qu'on peut imaginer de discours rabatteurs de caquets. Je n'envoie plus mes manuscrits aux éditeurs. Je préfère des inconnus, des boîtes aux lettres. Sur mon blogue, on me répond. Je fais partie d'une petite communauté, alors que mes livres en papier restent abstraits, presque aucun écho ne m'en est jamais parvenu, cela ne s'est pas vendu.
Les blogues, eux, sont gratuits. Chaleureux. Indignés. Humains. Qu'est-ce que ces livres qui disparaissent au sein des supermarchés ? L'indispensable végète peut-être encore. Toutes ces revues, la dernière fois qu'elles ont été recensées, ont paru en 1995 ou 2002, voici donc 6 à 13 ans. Il s'agit là d'un état antérieur, que l'avènement de la communication informatique semble avoir relégué à la protohistoire... xxx58 10 03xxx